Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
eyesworldshoot.over-blog.com

Un voyage, des photos

CARNET DE VOYAGE - GR 20 Nord, le retour - CORSE - août 2014

CARNET DE VOYAGE - GR 20 Nord, le retour - CORSE - août 2014
CARNET DE VOYAGE - GR 20 Nord, le retour - CORSE - août 2014
CARNET DE VOYAGE - GR 20 Nord, le retour - CORSE - août 2014
CARNET DE VOYAGE - GR 20 Nord, le retour - CORSE - août 2014
CARNET DE VOYAGE - GR 20 Nord, le retour - CORSE - août 2014
CARNET DE VOYAGE - GR 20 Nord, le retour - CORSE - août 2014
CARNET DE VOYAGE - GR 20 Nord, le retour - CORSE - août 2014
CARNET DE VOYAGE - GR 20 Nord, le retour - CORSE - août 2014
CARNET DE VOYAGE - GR 20 Nord, le retour - CORSE - août 2014
CARNET DE VOYAGE - GR 20 Nord, le retour - CORSE - août 2014
CARNET DE VOYAGE - GR 20 Nord, le retour - CORSE - août 2014
CARNET DE VOYAGE - GR 20 Nord, le retour - CORSE - août 2014
CARNET DE VOYAGE - GR 20 Nord, le retour - CORSE - août 2014
CARNET DE VOYAGE - GR 20 Nord, le retour - CORSE - août 2014
CARNET DE VOYAGE - GR 20 Nord, le retour - CORSE - août 2014
CARNET DE VOYAGE - GR 20 Nord, le retour - CORSE - août 2014
CARNET DE VOYAGE - GR 20 Nord, le retour - CORSE - août 2014
CARNET DE VOYAGE - GR 20 Nord, le retour - CORSE - août 2014
CARNET DE VOYAGE - GR 20 Nord, le retour - CORSE - août 2014

Depuis le 15 novembre 2015, mon blog est remplacé par le site www.tripandrun.fr

Merci pour votre fidélité.

GR20 Nord, le retour

J’ai une petite revanche à prendre sur le GR20. En effet, la rigueur de l’hiver de l’année dernière et le fait que j’y sois allé la première semaine de juin m’avait empêché de réaliser l’intégralité du parcours. Plusieurs étapes techniques avaient été fermées suite à un arrêté préfectoral après la mort de 2 randonneurs et le sauvetage par hélicoptère de plusieurs groupes coincés dans le fameux cirque de la Solitude.

Il me manque donc 4 étapes situées dans le Nord de l’île pour boucler cette randonnée.

C’est surtout une bonne excuse pour y retourner car on ne la surnomme pas pour rien l’île de beauté.

Ce chemin de randonnée, long d’environ 180 km, traverse l’île depuis Calenzana (près de Calvi au nord-ouest de l’île) jusqu’à Conca (à proximité de Porto-Vecchio situé au sud-est). C’est une des plus belles randonnées d’Europe mais également une des plus exigeantes physiquement.

L’itinéraire classique et le plus fréquent est de commencer par le nord puis de descendre vers Porto-Vecchio avec 16 étapes répertoriées. D’ailleurs le TopoGuide est uniquement dans ce sens, il donne néanmoins des indications sur les durées de marche dans les 2 sens.

Environ 20 000 personnes parcourent annuellement le GR20, majoritairement durant les périodes de juin à septembre, lors de l’ouverture des refuges et où les conditions sont les plus favorables. La majorité des randonneurs ne réalisent pas l’intégralité du GR20.

En effet, beaucoup rejoignent le sentier par le biais de liaisons. Ils s’arrêtent ou commencent à Vizzavona, village qui se situe environ mi-parcours mais surtout où se trouve une gare connectée à Bastia et Ajaccio.

Le record actuel est détenu depuis peu par le local Guillaume Peretti qui a mis 32 heures (record battu entre le 6 et 7 juillet 2014 - le précédent record avait été établi par l’espagnol Kílian Jornet en 2009 sans reconnaissance). Chez les femmes, le record est détenu par Émilie Lecomte en 41 heures, 22 minutes et 10 secondes.

Je rejoins Nicolas qui est déjà en Corse depuis plus de 5 semaines. Il a participé à un festival de théâtre et d'ateliers dramatiques dans le village d'Olmi Capella. Depuis 17 ans, une soixantaine de stagiaires travaillent à l’élaboration d’une dizaine de spectacles, mêlant œuvres contemporaines et classiques sous la baguette de Robin Renucci.

Les derniers jours sont consacrés à la représentation des pièces. Ce festival a une bonne renommée puisqu’il attire environ 1 000 personnes dans ce petit village de moins de 200 âmes.

Dimanche 10 août 2014 :

Vol Air France depuis Orly jusqu’à Calvi. Réveil en sursaut à 5h30, je n’ai pas entendu mon réveil qui était programmé à 5h10. Heureusement, toutes mes affaires sont prêtes. Départ à 5h45, arrivée en moto à 6h10, décollage à 7h. Tout se goupille bien. Je suis néanmoins obligé de procéder à l’enregistrement de mon petit sac à cause de mes bâtons qui ne peuvent pas être conservés en cabine. Le vol dure 1h35, c’est très rapide.

Je ne suis pas le seul à venir en Corse pour faire de la randonnée. En effet, je remarque rapidement que nous sommes plusieurs à bord à porter des grosses chaussures de randonnées avec notre sac à dos. D’autres sont déjà en tong avec des shorts de bain à fleurs et chapeaux de paille. J’ai néanmoins le sac le plus petit et le plus léger.

Après l’expérience de l’année dernière, il est plus facile de préparer mon sac à dos. Je reprends mon sac à dos North Face acheté sur le marché d’Hanoi au Vietnam. Il est vraiment léger et comprend de nombreuses poches de rangements. Cette fois-ci, je ne prends pas de sac de couchage. Il a néanmoins toujours l’inconvénient de ne pas avoir de ceintures permettant de reposer le poids du sac autour de mes hanches.

Mon sac à dos pèse finalement 6 kilos comprenant 2 gourdes vides. On opte pour la nuit et le repas en refuge en faisant des réservations sur internet ce qui nous évite de nous encombrer avec une tente. Il est cependant indispensable de ramener des Boules Quies car les refuges sont souvent spartiates et optimisés afin de superposer les randonneurs.

Au moment de l’atterrissage, j’aperçois la citadelle : l’aéroport est situé à 5 kilomètres environ du centre-ville. Il est très petit, on ne peut pas se tromper de tapis au moment de la restitution des bagages : il n’y en a qu’un seul situé au milieu de la zone arrivée.

Après un saut à l’accueil de l’aéroport, on me confirme qu’il n’y a pas de bus pour le centre-ville. J’interroge un taxi qui m’y amène pour 20 €, ils se font vraiment plaisir. Je décide donc d’y aller à pied et fait du stop, une voiture s’arrête rapidement et me dépose à un rond-point situé au bord de la mer. Je vois au loin la citadelle, je fini le chemin les pieds dans l’eau, il n’est même pas 9h et elle est déjà à 25°.

Nicolas a bien fêté la fin de son festival, il prévoit de me rejoindre vers 14h30. Je pars donc à l’office du tourisme pour récupérer une carte, les immanquables de la ville et des renseignements sur les horaires des navettes pour Calenzana. On me confirme bien qu’il y en a une à 19h qui part de la place de la Porteuse d'eau pour 8 €.

Je me dirige ensuite vers un des symboles de la ville : la citadelle.

Elle a été érigée à l'époque de l'occupation génoise. En 1483, l'Office de Saint Georges décide de renforcer la défense de la ville en construisant de nouvelles fortifications, le château de Vecchio Castello étant insuffisant pour assurer la protection du préside. En 1545, devant la menace franco-turque, les ouvrages sont consolidés. Les remparts de la citadelle et la tour du sel, propriétés de la commune, sont classés Monuments historiques. Les ruelles pavées sont pittoresques et la vue sur la baie depuis les remparts est magnifique.

La Haute-ville recèle de beaux monuments : l'oratoire Saint-Antoine, la Poudrière, la caserne Sampiero (ex-palais des Gouverneurs) et la maison de Christophe Colomb. Bien que de nombreuses théories existent, les Calvais soutiennent les thèses historiennes sur son origine. Il serait né au moment où Calvi appartenait à la République de Gênes. Pour signaler ce fait, des panneaux ont été placés aux entrées de la ville et une statue se trouve aux pieds de la citadelle calvaise.

Je suis le chemin de visite qui a été mis en place afin de ne rien rater. Sur ce chemin, on passe devant la maison dans laquelle Napoléon Ier séjourna en 1793.

Je repasse par le centre-ville pour acheter de quoi faire un bon pique-nique sur la plage. Nicolas me rejoint directement là-bas en début d’après-midi. Il en a profité pour mettre à la consigne son grand sac de voyage et ne garder que le strict minimum pour la randonnée. Il les laisse à la gare mais n’est pas très convaincu de la sécurité de la pièce surtout qu’il a notamment son ordinateur portable. Après une bonne sieste au bord de la plage, on retourne au centre-ville pour faire des dernières courses et commencer à rejoindre progressivement l’arrêt de bus. On déguste enfin une glace artisanale, on risque de ne pas en avoir dans les prochains jours.

Le bus part avec 30 minutes de retard, les embouteillages des aoûtiens en vacances y sont pour quelque chose. Calenzana est situé à 15 kilomètres de Calvi, le bus fait d’abord un arrêt au refuge situé en bas de la ville. Il était déjà complet au moment des réservations, il ne restait que des emplacements pour le camping de disponible. On s’est donc rabattu sur un petit hôtel, Bel horizon situé en face de l’église. La chambre double est à 65 € la nuit. On se pose dans la pizzéria juste à côte, la spéciale Calenzana avec ses produits locaux est délicieuse. On trinque au GR20 avec la fameuse Pietra, bière locale à base de châtaigne.

Lundi 11 août 2014 : CALENZANA (275 mètres) - Refuge d’ ORTU DI U PIOBBU (1 520 mètres) - un dénivelé positif de 1 360 mètres pour un dénivelé négatif de 60 mètres - 6h30 de marche indiqué dans le guide (hors pauses et arrêts) - 5h30 de marche incluant les pauses et arrêts.

Réveil fixé à 6h. On part en direction de la boulangerie du village pour se faire un petit déjeuner. Les pains aux chocolats sont tout chauds, ils sortent à peine du four. On finit de les déguster sur la terrasse d’un bar près de l’église avec un bon jus d’orange. C’est le rendez-vous des locaux avant d’aller travailler, ils prennent tous un café bien serré.

Il est 7h, les cloches de l’église tintent, on se met en route et suivons les panneaux qui indiquent le sentier avec les balises rouges et blanches.

Au bout d’à peine 1h de marche, on atteint la fontaine d’Ortivinti pour remplir entièrement nos gourdes. Nicolas a encore sa menthe fraîche ramassée de la veille, elle donne un bon goût à l’eau. Le sentier bifurque, certains partent à droite pour le mare monti et le sentier de la transhumance, tandis que nous prenons la direction opposée pour le GR20. La montée se fait dans les cailloux, le dénivelé est bien rude pour un premier jour de randonnée. Heureusement, nous sommes à l’ombre car le ciel est azur et le soleil est déjà fort. Nicolas a des problèmes avec le talon de ses chaussures, il double sa chaussette et mets ses genouillères par sécurité.

Au promontoire d’Arghjova, nous avons 45 minutes d’avance sur le topo, nous avons donc un bon rythme. Nicolas m’explique que le temps est calé sur une moyenne d’environ 300 mètres de dénivelé positif par heure. Il travaille à l’Institut Géographique National, nous avons une bonne chance de ne pas nous perdre à condition que la carte et les courbes qui illustrent le guide soient correctes. Le topo est fait par l’IGN, il n’a donc aucune excuse.

Après Bocco à u Saltu, le sentier descend puis nous arrivons sur une barre rocheuse avec une partie équipée d’un câble. Je range ainsi mes bâtons télescopiques et l’appareil photo, c’est plus prudent. Nicolas a récupéré un bâton qu’il a ramené d'Olmi Capella, il est à la fois robuste et léger. On verra jusqu’où il sera capable de l’accompagner.

On arrive au refuge d’Ortu Di U Piobbu à 12h30 après 5h30 de marche incluant les pauses. On choisit l’emplacement de nos couchages dans le refuge ainsi que notre repas pour ce soir. Soupe, lentilles avec des saucisses figatelli et fromage au menu de ce soir pour 20 €. Le repas est servi à 18h30, il va falloir s’habituer. L’après-midi sera l’occasion de faire la première lessive et de prendre une bonne douche froide. On fait notamment la connaissance de Jessica, Christopher, Fabien et Camille. On joue aux cartes en attendant le repas. Le refuge se remplit rapidement, les tentes poussent comme des champignons sur les espaces situés aux alentours. L’emplacement de la tente coûte 6 € tandis que la nuit en refuge est à 13 €. Le principal avantage du dortoir est qu’il n’est pas nécessaire de se trimballer une tente, un matelas et même un sac de couchage. Cela me permet de soulager mon sac d’au minimum 2 kilos. Par contre, il est indispensable de réserver ou d’arriver dans les premiers au refuge et conseiller de prendre les boules quies pour ceux qui ont un sommeil léger. On se couche vers 21h, on commence à suivre le rythme du soleil.

Mardi 12 août 2014 : Refuge d’ORTU DI U PIOBBU (1 520 mètres) - Refuge de CARROZZU (1 270 mètres) - un dénivelé positif de 780 mètres pour un dénivelé négatif de 917 mètres - 7h de marche indiqué dans le guide (hors pauses et arrêts) - 5h de marche incluant les pauses et arrêts.

Il est 6h, la sonnerie du réveil d’un iphone sonne au milieu du refuge et réveille tout le monde. Personne ne bouge. Je mets bien une minute à réaliser que c’est le mien, je suis au second niveau de la mezzanine et doit donc prendre l’échelle pour atteindre mon sac à dos. Je crois que je vais me faire appeler Arthur ! On quitte le refuge à 7h en compagnie de Fabien, qui marche seul. Nicolas a du mal à se souvenir de son prénom, moyen mnémotechnique infaillible : je lui dis de penser à la station de métro Colonel Fabien, célèbre notamment pour son bâtiment dessiné par l'architecte brésilien Oscar Niemeyer qui accueille le siège du Parti Communiste Français. Son surnom est tout trouvé.

Au moment de partir, je ne retrouve plus ma gourde, elle était toute neuve : c’est mon cadeau d’anniversaire puisqu’aujourd’hui j’ai l’âge du Christ. En alternative, je trouve deux petites bouteilles en plastique, cela fera bien l’affaire.

Au bout d’une heure, on franchit l’emplacement où devait se trouver la source, cette dernière est tarie. Heureusement, on a des réserves pour la journée. On poursuit ensuite la montée avec une dalle rocheuse impressionnante et des parois qui feraient plaisir à ceux qui apprécient l’escalade. Le site est sympa. On rejoint la Bocca di Pisciaghja au bout de 2h (au lieu de 3h15 indiqué dans le topo). On fait une longue pause en compagnie du colonel et de 3 alsaciens. Nicolas me paye un pruneau d’anniversaire, la vue à moitié sur la mer et la montagne est magique.

On passe pour la première fois les 2 000 mètres, plus haut point de la journée. Les névés sont bien présentes sur les hauteurs, le chemin est toujours aussi rocailleux et abrupte. La descente sur le refuge est assez technique avec des éboulis qui peuvent rapidement faire effet boule de neige. On croise la légion étrangère qui est en pleine montée, cela me rappelle ceux qui m’avait dépanné en stop l’année dernière pour rejoindre Corte. Je fini la longue descente en courant pour me remémorer mes dernières courses de trail. J’aperçois déjà le toit du refuge en contrebas, j’aurai mis 5h pour boucler l’étape. Nicolas arrive 15 minutes plus tard tandis que le colonel arrive 1h30 après. Il en a profité pour faire une bonne pause.

Le refuge est entouré de drapeau à prière Népalais. J’ai les même dans mon salon et me remémore les paysages de mon tour des Annapurnas. Le menu de ce soir est composé d’une soupe, de pâtes et d’un gâteau maison pour 17 €. On trinque avec une fraîche Pietra avec Christopher et Jessica, ces derniers doublent l’étape du jour.

Je discute avec Daniel qui habite près de Porto-Vecchio. Il a presque la soixantaine, fait beaucoup de trail et a déjà effectué le GR20 plusieurs dizaine de fois. Chaque jour, il double les étapes et pour couronner le tout : il revient à son point de départ. Il aura fait donc un GR20 en aller-retour en 15 jours. Nous prévoyons qu’il nous double d’ici samedi à Manganu.

Après une bonne sieste, on rejoint la passerelle de Spasimata située à 15 minutes du refuge. Juste en dessous, se trouve une cuvette alimentée par des cascades situées à des niveaux supérieures. L’eau y est fraîche, environ 12°. J’ai du mal à rentrer dedans tandis que Nicolas doit avoir du sang Inuit car il y rentre sans trop de problème.

Le site est agréable, on croise régulièrement des randonneurs car la passerelle est sur le GR20, on aura donc l’occasion de l’emprunter demain matin. Il y a une liaison qui arrive également de Bonifatu qui permet d’avoir beaucoup moins de dénivelé et qui est plus accessible. On voit donc des ados et des enfants à la fin de cette étape. Ce sera certainement un peu moins le cas au cirque de la solitude.

Ce soir, je ne suis pas le seul à fêter mon anniversaire, un petit groupe de l’Ardèche chante à tue-tête. C’est les 70 ans de Christine. Ils prévoient de faire le GR20 dans son intégralité, chapeau.

A la fin de notre service, car de nombreux randonneurs attendent leur tour pour manger et dévore du regard notre gâteau, la gardienne du refuge nous demande, sur un ton pas très aimable, de faire la vaisselle. On ne bronche pas.

On se couche vers 21h30 après un magnifique coucher de soleil, on a l’impression que les nuages forment une chute.

Mercredi 13 août 2014 : Refuge de CARROZZU (1 270 mètres) - Refuge d’ ASCU STAGNU (1 422 mètres) - un dénivelé positif de 790 mètres pour un dénivelé négatif de 638 mètres - 6h10 de marche indiqué dans le guide (hors pauses et arrêts) - 3h20 de marche incluant les pauses et arrêts.

Réveil à 6h15 pour un départ à 7h. On repasse par la passerelle d’hier soir. Pas de comparaisons avec celles empruntées au Népal. Le sentier est toujours autant pierreux. On remonte progressivement tous les petits groupes partis plus tôt que nous ce matin. On arrive à 9h au lac de la Nuvrella. La vue est dégagée et magnifique. On traverse ensuite une grande dalle équipé d’une chaine. Je ne préfère même pas imaginer ce passage sous la pluie ! On continue de monter en direction de la Bocca di Stagnu qui arrive à 2 010 mètres. Un couple de trailer nous annonce la présence de mouflons sur la partie haute. On les rate malheureusement, j’espère que l’on aura l’occasion d’en voir plus loin. La descente en direction d’Ascu Stagnu, ancienne station de ski, est moins agréable et se fait principalement dans les cailloux. On dévie du sentier et on suit les cairns, cela devrait aller car on voit au loin le refuge. On en peut pas le rater : il y a 3 gros bâtiments en béton et un accès de la route.

Un cairn est un amas artificiel de pierres placées pour marquer un lieu particulier. On les trouve la plupart du temps sur les reliefs, les tourbières ou au sommet des montagnes. Ce terme est souvent utilisé en référence à l'Écosse, mais peut aussi être utilisé dans d’autres lieux.

Ils remplissent plusieurs fonctions :

- baliser un sentier traversant un sol rocailleux ou aride, ou traversant un glacier.

- repérer un point particulier comme le sommet d’une montagne ou un col, la présence d'une grotte ou certains de ses accès ou passages intérieurs.

- marquer un site funéraire ou célébrer les morts.

- servir de support à des pratiques religieuses telles que des drapeaux de prières en Himalaya et au Tibet.

Comme la veille, je finis la descente en courant. J’arrive à 10h20 avec presque 3h de moins que le topo. Du coup, la journée de randonnée est courte aujourd’hui. Elle l’est encore plus pour Jean-Michel. Il est en sang avec le bras en écharpe, il a glissé dans la descente et n’a pas eu le temps de lâcher ses bâtons télescopiques. Dans son malheur, puisque le GR20 est terminé pour lui, il était proche du refuge au moment de la chute. Ce dernier est desservi par la route, ce qui n’arrive qu’à 4 étapes durant toute la randonnée. Les pompiers mettent 1h à arriver et l’emmène directement à l’hôpital de Corte pour passer des radios. On se pose sur la terrasse de l’hôtel, le refuge n’ouvre que vers 11h30. On rencontre Laurent qui est un ancien militaire qui voyage de façon autonome. Il fait du camping sauvage et dors dans un hamac. Son sac est légèrement plus lourd que le mien !

Il décide de faire le Monte Cintu tout seul, il nous laisse son sac.

On s’installe dans notre chambre. Ce n’est pas un refuge ce soir. Elle est spartiate et composée de 2 lits superposés. On a droit à une douche bien chaude, cela fait du bien. J’en profite pour faire également une lessive. Vers 16h, 2 trailers arrivent dans la chambre. Ils sont partis ce matin de Calenzana et viennent donc de tripler l’étape du jour. Ils sont bien affutés et équipés.

On passe la fin de l’après-midi à la terrasse. On enchaîne les Pietra, ici elle est en pression. Le repas est servi à l’hôtel à 19h30. On forme une table de 7 avec notamment Pascal, Annie et Clarisse : les alsaciens. Le menu est à 20 €. Il comprend une soupe, une salade de thon et de tomate en entrée. On nous sert ensuite du veau avec des pommes de terre dauphine en plat puis du fromage.

Jeudi 14 août 2014 : Refuge d’ASCU STAGNU (1 422 mètres) – refuge de TIGHJETTU (1 683 mètres) - un dénivelé positif de 1 059 mètres pour un dénivelé négatif de 798 mètres - 6h00 de marche indiqué dans le guide (hors pauses et arrêts) - 4h10 de marche incluant les pauses et arrêts.

Un réveil sonne à 4h45. Les trailers se réveillent de façon simultanée et presque militaire. Ils sautent dans leur basket et sortent discrètement de la chambre. Pour nous, le réveil sonne 1h plus tard, aujourd’hui le cirque de la solitude nous attend.

C’est un passage incontournable du GR20 Nord. Le plus effrayant ? Le plus dur ? Certains le passent sans problème, d'autres ont toutes les difficultés du monde. Certains encore abandonnent face à cet obstacle naturel. Ce qui est sûr, c'est que c'est un des point de passage les plus technique du GR20. On verra bien comment on l’aborde. Une chose est sûre : Nicolas veut garder son bâton ! Il a commencé à y graver le nom des étapes.

Le ciel est bleu, par contre il fait frais et le vent souffle comme jamais. On longe une grande forêt puis on tombe sur un grand plateau composé de bruyères. Nous avons le vent de face, il est au moins à 80 km/h, on peine à monter. Notre versant est à l’ombre, j’ai oublié mes gants, je les aurais bien supportés. On atteint ensuite une cuvette entourée d’éboulis de couleur rougeâtre. On remonte petit à petit les petits groupes partis tôt ce matin. On est toujours surpris par les sacs des Allemands. Ils sont toujours impeccables, rien de dépasse. Ceux des français sont facilement identifiables : il y a souvent une gourde, des tongs ou une polaire qui y est accroché.

Au bout de 2h de marche, on fait une petite pause. On entre ensuite dans le cirque à partir de Tumasginesca (2 183m). C’est assez impressionnant car le brouillard remonte par ce point. On aperçoit le fond du cirque et la porte de sortie appelé le Col Perdu.

En se penchant, on voit la pente raide d’E Cascettoni. Certains randonneurs sont dans des positions acrobatiques. Il va falloir se lancer, ne pas trop réfléchir et faire bien attention à la position de nos mains et pieds. Le sentier nous fait passer dans des éboulis et le long de parois vertigineuses. Des points d'ancrage tels que des chaînes, échelles et câbles nous aident à trouver nos appuis pour traverser le cirque. Au fond de cette gigantesque caisse de résonnance minérale, je lève les yeux. Les randonneurs sont tout petits, j’espère ne pas recevoir de pierres en pleine descente ou montée car un accident peut vite arriver et nous n’avons pas de casques. C’est assez impressionnant, je comprends sa réputation. Nous passons néanmoins sans trop de difficultés et sommes pas trop gênés par les autres randonneurs. Je n’imagine même pas ce passage sous la pluie ou la neige. Nous avons de la chance, le vent est inexistant dans le cirque, on ne va pas se plaindre. On se retourne pour revoir le passage, des embouteillages commencent à se former. Nous avons bien fait de ne pas attendre à l’entrée du cirque et de se lever un peu plus tôt ce matin. On traverse le cirque sur un bon rythme (1h contre 2h indiqué dans le topo).

Après la Bocca Minuta, une longue descente dans la vallée nous attend entre les dalles et les éboulis. On aperçoit rapidement le toit du refuge, il n’est que 10h45 et l’étape est finie. On décide de rester ici, le refuge à une bonne réputation. On pose nos affaires dans le refuge de 36 places vers 12h30. Colonel Fabien décide de doubler l’étape aujourd’hui tandis que les alsaciens poussent vers la bergerie située en bas de la vallée à 45 minutes environ.

On fait une bonne sieste et on passe l’après-midi à lire, écrire et discuter dans le salon du refuge. Nicolas travaille principalement à l’écriture de son prochain court métrage, on verra ce que cela donne, j’ai hâte ! Des panneaux situés dans les toilettes et à l’entrée valent le coup d’œil. Exemple de l’affiche des toilettes : « C’est ici que partent en ruines les meilleurs morceaux de ma cuisine … Faites-les disparaitre avec autant de plaisir que vous les avez mangés, avec délicatesse et sans éclaboussures ».

Le repas est excellent et tient ses promesses : plateau de charcuterie affinée par le patron, pâtes et une salade de fruit. Le bouquet final est prévu pour le dessert.

Le patron sort son vaporisateur rempli d’alcool de myrte. Il commence à demander aux personnes présentes dans le salon d’ouvrir la bouche. La suite en image, il s’amuse comme un petit fou et les gens en redemandent. C’est assez fort et fait maison, c’est également ça le GR20. On partage le repas avec un couple de Strasbourgeois et 2 allemands.

La liqueur de myrte est très populaire en Corse et en Sardaigne. Elle est obtenue par macération alcoolique de baies de myrte ou d'un mélange de baies et de feuilles.

Vendredi 15 août 2014 : refuge de TIGHJETTU (1 683 mètres) - Bergerie de RADULE (1 370 mètres) - un dénivelé positif de 620 mètres pour un dénivelé négatif de 621 mètres - 5h20 de marche indiqué dans le guide (hors pauses et arrêts) - 4h30 de marche incluant les pauses et arrêts.

On ne met pas de réveil pour demain matin, l’étape est assez courte. Avant de partir, Nicolas prépare une infusion avec de la verveine ramassée la veille. Le vent a soufflé toute la nuit, j’espère qu’il va se calmer.

On part vers 8h30 en direction de la bergerie d’U Vallone. Le vent se calme dans les sous-bois. On remonte ensuite vers Bocco di Fuciale, on ressort la polaire, le vent est glacial.

Aujourd’hui, c’est l’ouverture de la chasse. On entend des coups de feu de partout, les sangliers ne doivent pas faire les fiers. On espère juste ne pas se prendre une balle perdue. On rejoint pas mal de randonneurs partis plut tôt ce matin et on arrive au refuge de Ciottulu Di I Mori à 11h30. Il est dans le brouillard et le cadre donne pas trop envie de rester ici. On décide ainsi de perdre notre réservation et de continuer un peu l’étape. Cela permettra de dormir dans une bergerie et de réduire l’étape de demain qui était estimée à 8h de marche. La bergerie de Radule nous a été conseillée la veille par des randonneurs, c’est parfait. Les nuages sont toujours présents sur la descente. Leurs formes sont magiques et d’une rapidité incroyable. On suit la rivière qui arrive jusqu’à la bergerie. On s’arrête près des bassins, Nicolas voit une truite remontée une cuvette, l’eau est cristalline. Nous arrivons à la bergerie vers 13h où le patron démarre un barbecue.

On se partage une assiette de charcuterie et de fromages, tout est excellent. Il y a du monde car un parking est situé à 30 minutes à pied de ce site connu pour sa cascade. On croise donc des touristes en tong et serviette de plage. J’y étais d’ailleurs passé l’année dernière avant de prendre le Mare a Mare et le sentier de la transhumance en direction d’Albertacce.

Il y a donc beaucoup de randonneurs à la journée qui viennent pour voir cette belle cascade. Deux légionnaires s’entraînent à l’escalade sur la paroi située sur les hauteurs : mon cousin Jonathan aurait enfiler son baudrier. Je prends la meilleure douche du GR20 : elle est composée d’un grand bac en plastique dans le style des casiers à bouteille. L’eau est chauffée par les panneaux solaires, je n’ai pas envie d’en sortir. Vers 17h, il ne reste principalement que les randonneurs et campeurs. On sympathise avec le couple de la bergerie. Il nous propose de dormir dans l’ancienne cave à affinage. C’est en fait une sorte de grotte où il a installé une tente et des matelas. On sera à l’abri du vent, il faut cependant ne pas être claustrophobe et carrément ramper pour y accéder car l’entrée est très étroite. Nicolas en profite pour recoudre l’avant de sa chaussure avec du fil dentaire, MacGyver en pleine action.

Vers 18h, c’est l’heure du retour des chèvres. Son troupeau en compte environ 120 qui dorment un peu plus haut. Le berger les siffle pour qu’elles rentrent. Après plusieurs tentatives, ils commencent à appeler quelques collègues qui les aurait peut être vu dernièrement. Au bout de 3 appels, il les localise. Il part les chercher en courant, cela tombe bien il vient de recevoir les dernières Hoka, chaussures de trail. Il doit avoir l’habitude de cavaler dans la montagne même s’il approche de quintal car il est bien affûté. Vers 19h30, on entend les cloches qui retentissent au loin, les chèvres sont de retour. Elles font apparemment des caprices pour rentrer pour aller voir les boucs. La traite a lieu tous les matins à partir de 4h30 : il faut une sacrée forme pour être berger.

Il m’explique qu’il approvisionne tous les jours le refuge en faisant des allers retours depuis le parking. On a droit à un début de scène de ménage car il ne veut pas utiliser leur petit âne pour faire les liaisons. Ils habitent à Albertacce qui est situé à plusieurs kilomètres. Ils ouvrent la bergerie 5 mois de l’année pendant la période estivale.

Repas du soir, menu à 25 € composé d’une assiette de tomate (enfin un peu de verdure), la spécialité de la maison : cannelloni au brochiu et une crêpe au Nutella pour finir. Un régal. On partage le repas avec 2 savoyardes qui font le Mare a Mare, le patron nous paye les digestifs.

Cela réchauffe avant d’aller se coucher. Il me prête également un sac de couchage car la nuit risque d’être fraîche. On se faufile donc dans le trou de souris avec nos frontales. Avant de couper les lumières, on réalise une inspection de la tente. Sage idée, elle est envahie d’araignées. Certaines sont énormes.

Samedi 16 août 2014 : Bergerie de RADULE (1 370 mètres) - Refuge de MANGANU (1 601 mètres) - un dénivelé positif de 643 mètres pour un dénivelé négatif de 413 mètres - 6h40 de marche indiqué dans le guide (hors pauses et arrêts) - 8h de marche incluant les pauses et arrêts.

Départ peu après 7h, les chèvres se baladent, la traite est déjà terminée. J’ai super bien dormi. On décide de partir directement et de prendre un petit déjeuner complet à Castel di Vergio situé à moins d’1h. J’y avais dormi l‘année dernière. On achète un peu de ravitaillement à la petite épicerie et on se prend le petit déjeuner à l’hôtel ouvert toute l’année car c’est une station de ski. Une truie énorme bloque la route avec ses petits, le cri est assourdissant. Les voitures se mettent à klaxonner !!

Sur le bas côté, on aperçoit 2 renards pendus à un arbre avec une affiche : affaire classée.

Plusieurs randonneurs nous en parlent depuis plusieurs jours : ils se font attaquer durant la nuit et ceux qui dorment en tente mettent leur ravitaillement en hauteur dans les arbres ou les confient à des randonneurs dormant dans les refuges. Le propriétaire nous explique qu’il leur a tiré dessus pendant la nuit car les randonneurs ne s’arrêtaient plus à cause de la réputation des renards et qu’il y avait eu déjà plusieurs attaques.

Les sangliers ou les renards se sont habitués à la présence humaine et pour eux, c’est de la nourriture facile. D’ailleurs l’année dernière, un ami d’un collègue s’est fait mordre au bras par un renard durant la nuit. Il avait été ensuite rapatrié en urgence sur Paris pour intervention chirurgicale. J’en profite pour lui envoyer un message avec la photo.

On repart en direction de la fameuse Bocca San Petru. C’est un passage où le vent est habituel et connu car certains arbres sont très penchés. C’est assez impressionnant.

On prend ensuite l’antique sentier des muletiers pour rejoindre le Lac de Ninu. On y arrive vers 12h, c’est juste parfait pour y manger et ensuite faire la sieste. Le cadre est toujours aussi magique. Par rapport à l’année dernière, l’eau et la neige sont néanmoins moins présentes. Un allemand que l’on croise tous les jours au refuge se baigne, il faut être un peu taré.

Les chevaux sauvages sont toujours là, l’effet carte postale est assuré.

Le lac de Nino (en Corse Lavu à Ninu) source du Tavignano (deuxième fleuve de Corse, tant par sa longueur que par son débit), est situé sur le plateau du Camputile. Il est entouré de pozzines, sortes de petits lacs tourbeux. C'est le 2e plus grand lac de Corse, après le lac de Betaniella, avec une superficie de 6,5 hectares.

On repart en compagnie de Laurent. On passe à travers une magnifique hêtraie avant de rejoindre la bergerie de Vaccaghja. Certains arbres sont magnifiques et certainement très anciens au vue de la taille et de la forme des troncs. D’autres ont été touchés par la foudre qui a littéralement calcinée la cime de ces robustes arbres.

Je reconnais le chemin par lequel j’étais arrivé l’année dernière depuis Corte, le refuge de Manganu n’est plus très loin. On le rejoint à 15h, on y retrouve les Alsaciens qui se baignent dans la rivière et Daniel qui comme convenu a bien doublé toute les étapes. Annie a un peu le moral dans les chaussettes, on la convainc de continuer et que l’étape la plus technique est passée.

Le repas est servi à 18h30, il est composé d’un gros plat de pâtes (13 €) et d’une salade de fruits. On rencontre un couple de Rome, Marco et Maria qui travaillent dans le milieu du cinéma. Nicolas leur parle de ses projets. Extinction des feux vers 21h.

Dimanche 17 août 2014 : Refuge de MANGANU (1 601 mètres) – Refuge de PETRA PIANA (1 842 mètres) – un dénivelé positif de 830 mètres pour un dénivelé négatif de 589 mètres - 6h30 de marche indiqué dans le guide (hors pauses et arrêts) - 4h10 de marche incluant les pauses et arrêts.

Réveil à 6h45 pour un départ à 8h. Les sangliers ont encore fait des siennes cette nuit.

Nicolas prépare une infusion à base de thym ramassé la veille dans un massif. C’est excellent. Denis, guide pour des anglais que l‘on croise depuis plusieurs jours, nous explique que c’est une variété endémique : l’erba barona qui est reconnue pour ses vertus médicinales depuis l’antiquité.

Aujourd’hui, on va passer par le point le plus élevé de la randonnée du GR20 avec une altitude de 2 225 mètres. La Brèche de Capitellu (ou Bocca à e Porte) doit son nom à ses deux alliés : le lac qu’elle surplombe et au sommet de Capitellu. Après une montée bien raide, on arrive au sommet. On aperçoit sur la droite : le Monte d’Oro; en dessous, les lacs de Capitellu et de Melo; à gauche, la vallée de la Restonica et le San Pedrone.

Le Monte d'Oro (en corse Monte d'Oru) est un sommet du massif du Monte Rotondo. Avec ses 2 389 mètres d'altitude et sa position centrale, il est l'un des principaux sommets de l'île. D'après la légende, un berger aurait vu, après un orage, les nombreux torrents coulant sur les flancs de la montagne scintiller sous les rayons du soleil. Cet épisode aurait donné son nom au Monte d'Oro : Mont d'Or.

Après une bonne pause pour admirer la vue, on descend dans la brèche. Elle est équipée d’une chaîne qui facilite la descente. Le bâton de Nicolas tient toujours bon. Pas de comparaison avec le cirque de la Solitude, on termine assez rapidement le passage le plus technique. On remonte pas mal de groupes partis plus tôt que nous ce matin. La vue sur les lacs et la vallée est vraiment magique. On longe la ligne de crête pendant un long moment. Le chemin est toujours essentiellement composé de cailloux. Puis, on descend la Bocca Muzzela pour arriver au refuge de Petra Piana. Je me retrouve sur les fesses lors la dernière descente, près du passage de la source.

Le refuge est tout petit puisqu’il accueille 28 places. C'est également le premier refuge du GR20 : il a vu le jour en 1971. L’année dernière, le refuge a accueilli 8 200 randonneurs en comptant les locations des toiles de tente : ce chiffre est impressionnant. Le GR20 est devenu presque une autoroute.

La douche est élue la plus froide de cette randonnée. L’eau doit arriver directement de la source. On passe une bonne partie de l’après-midi à jouer au tarot avec Didier et Laurent qui viennent de Lille. Nicolas continue de graver chaque jour le nom du refuge. Il rajoute un I au nom du refuge et grave Pietra Piana. Il a l’air d’apprécier la bière locale.

Vers 18h, les gendarmes déposent en hélicoptère une femme qui s’est perdue. Elle est un peu traumatisée, elle a les jambes qui en tremblent encore. Il y a plus discret comme arrivée au refuge. Le brouillard commence à se lever, le coucher de soleil est malgré tout sympathique. Cela annonce, a priori, une nuit étoilée.

Au moment du repas, on discute avec le propriétaire, Pascal, qui est le maire d’un petit village et également le curé. C’est un sacré personnage, il a près de 70 ans et tient vraiment la forme. Il drague au passage Annie et nous raconte ses histoires de cœur.

Le repas est délicieux : tranche de lard (certainement le meilleur de ma vie), une plâtrée de lentilles gargantuesques et des abricots en jus en dessert (menu à 18 €).

Lundi 18 août 2014 : Refuge de PETRA PIANA (1 842 mètres) – Refuge d’ONDA (1 430 mètres) - un dénivelé positif de 490 mètres pour un dénivelé négatif de 902 mètres - 4h50 de marche indiqué dans le guide (hors pauses et arrêts) - 4h10 de marche incluant les pauses et arrêts.

Réveil à 7h15, pour un départ de plus en plus tard vers 8h20. Nous prenons le chemin classique, la variante alpine permet de gagner du temps car elle évite la descente puis la remontée. Elle est souvent prise pour ceux qui veulent doubler cette étape.

On descend tranquillement en direction de la bergerie de Ghjalgu. On traverse quelques bassins et passe devant de belles cascades. On entre ensuite dans une forêt de conifères avec énormément de fougères. Le chemin est calme et agréable grâce aux effets de certains puits de lumière. On recroise Pascal qui est parti ravitailler son refuge, il est bien chargé et tient la forme.

On rejoint ensuite la bergerie de Tolla. On s’y arrête pendant 1h, le cadre est très agréable. On y achète des fromages frais et se sert dans le prunier qui est bien chargé.

Je monte sur une chaise pour attraper les plus mûres. Au pied d’un massif, on retrouve de la menthe fraîche. On remet donc quelques feuilles dans nos bouteilles pour lui donner un bon goût. Il est temps de repartir, on serait bien resté encore un peu.

Le paysage est très champêtre, on continue sur le sentier par une hêtraie avec une montée très progressive dans un premier temps, puis assez raide sur la fin.

On arrive sur les coups de 12h30, le terrain de camping est déjà bien occupé. Nicole et Jean Do nous indique que notre refuge est situé sur les hauteurs, on en profite pour réserver le repas de ce soir. Les lasagnes au brocciu sont très réputées, on nous en parle depuis plusieurs jours.

On retrouve Pascal, Annie et Clarisse. On passe une bonne partie de l’après-midi ensemble près des bassins. L’eau y est encore plus fraîche que les jours précédents. On fait une bonne sieste. Sur les coups de 16h, comme souvent les nuages font leur apparition. Vers 18h, les chevaux rentrent vers le refuge. C’est marrant, car les campeurs sont au milieu de l’enclos tandis que les chevaux sont en liberté tout autour.

A 18h30, tout le monde est à table. Le menu est à 20 €, on commence par une soupe avec des pâtes, poireaux et carottes. Arrive ensuite un énorme plat avec les lasagnes. Ça donne vraiment envie et sont à la hauteur de leur réputation. L’assiette est rapidement avalée, on arrive à récupérer un peu de rab.

On finit le repas par un morceau de fromage et une orange que je garde pour le lendemain. Nicolas trouve un petit ver dans la croûte de son morceau. On se prend tous un énorme fou rire, cela nous rappelle une des scènes des bronzés font du ski.

On met 10 minutes à remonter au refuge tellement j’ai mangé. Le coucher du soleil est magnifique. C’est notre dernier sur le parcours du GR20. Les nuages rosissent progressivement le ciel pour laisser la nuit envahir la vallée.

Mardi 19 août 2014 : Refuge de ONDA (1 430 mètres) – VIZZAVONA (920 mètres) - un dénivelé positif de 711 mètres pour un dénivelé négatif de 1 221 mètres - 6h05 de marche indiqué dans le guide (hors pauses et arrêts) - 4h de marche incluant les pauses et arrêts.

Réveil à 6h30 pour un départ à 7h30. 700 mètres de dénivelés positifs au programme avant de redescendre progressivement vers Vizzavona et rejoindre ainsi la civilisation.

On rejoint la punta Muratellu au bout d’1h10 de marche. La montée est assez raide pour atteindre 2 141 mètres. On marche de nouveau au milieu des cailloux. Sur l’autre versant, une plaque annonce qu’un randonneur a perdu la vie avec son chien durant l’hiver 2002. Je n’imagine même pas les conditions de ce passage en hiver. On descend ensuite des barres rocheuses avec des passages assez raide et des appuis assez friables. La fin de la randonnée est proche, ce n’est pas le moment de se relâcher.

On longe ensuite le ruisseau qui mène à la fameuse cascade des anglais. Son nom vient d’un tourisme aristocratique anglais qui s’est développé sur ce site à la fin du XIXème siècle et qui effectuait cette excursion à dos d’âne. On rencontre de plus en plus d’arbres et on croise des familles, signe de rapprochement de Vizzavona. On remplit ensuite un questionnaire du parc national de Corse qui arrête les randonneurs du GR20.

Après le passage de la passerelle, cela devient presque une 4 voies. Nous n’avons jamais autant vu de passerelles que sur tous le chemin du Nord. Les sentiers sont très larges et il y a même des bancs. A moins de 5 minutes de l’arrivée, on perd la trace et on oublie de traverser un petit pont. On se rajoute un quart d’heure de plus, on n’est plus à ça près. Sur la redescente, je trébuche et me foule la cheville dans un trou. Il faut quand même le faire ! Heureusement plus de peur que de mal, j’aurais juste un bon bleu sur la hanche.

Je reconnais une vieille bâtisse abandonnée qui était un hôtel très classe de Vizzavona appelée alors la Petite Suisse. On voit déjà la gare. On passe devant l’hotel I Lancini avec une formule dortoir + petit déjeuner à 20 €, c’est plus que correct. Je vais néanmoins au refuge du GR20 situé en face de la gare où j’avais dormi l’année dernière. Je suis super mal accueilli et repars donc au premier choix. Nicolas décide de dormir ce soir à Corte avant de remonter progressivement vers Calvi pour reprendre son vol. Le train part à 16h, nous avons encore un peu de temps. Il en profite pour finir de graver son bâton, il aura tenu. J’espère qu’il passera à l’aéroport.

On se pose au restaurant du chef de gare où on passe une bonne partie de l’après-midi.

Des articles de journaux présentent la patronne qui a la particularité d’être chef de gare et restauratrice.

Cela sent déjà la fin des vacances car j’ai mon avion demain soir. C’est également un retour à la civilisation. Il est temps de recharger mon portable et de consulter mes messages. Ils sont nombreux surtout pour me fêter mon anniversaire, cela fait super plaisir. Le plat du jour est excellent, je me prends une glace en dessert, il faut bien se rattraper un peu.

Avant que Nicolas parte, on discute avec un couple de Toulonnais. Ils parlent d’une chute de la part d’une femme. D’après sa description, on pense tout de suite à Annie qui a fait une mauvaise chute lors de la dernière grosse descente puis un léger malaise. Plus de peur que de mal, les alsaciens arrivent vers 16h30, elle va mieux. Elle n’a qu’une chose en tête : rentrer sur Ajaccio pour aller à la plage.

Je croise à l’hôtel une fratrie d’Annecy rencontrée la veille. Ils sont 4, tous affutés et font régulièrement des trails. On parle un peu de foot, je les charrie un peu avec leur club Evian Thonon Gaillard.

On mange ensemble au restaurant de la gare. Je prends le gratin Monte d’Oro à base de fromage et de pomme de terre. Vraiment excellent.

Mercredi 20 août 2014 : VIZZAVONA - AJACCIO.

Pas de réveil aujourd’hui, je décide de prendre le train de 10h37 après un super bon petit déjeuner à l’hôtel. Le cadre du salon est très baroque et méditerranéen.

Le billet de train est à 7€80, j’arrive à Ajaccio à 11h42.

Les chemins de fer de la Corse (CFC) sont un réseau d’une longueur de 232 km, qui relie entre elles quatre des principales villes de la Corse. Les Corses l'ont surnommé u Trinighellu (« le petit train »).

L'exploitation était assurée, au cours de l'histoire, par trois compagnies privées et le service des Ponts et Chaussées, avant d'être confiée à la SNCF début 1983. L'infrastructure ferroviaire était la propriété directe de l'État jusqu'au 22 janvier 2002 et appartient depuis à la Collectivité territoriale de Corse (CTC), qui est par ailleurs l'autorité organisatrice de transport depuis le 13 mai 1991.

Au 1er janvier 2012, la SNCF n'assure plus le service commercial du réseau, la collectivité territoriale ayant choisi de confier l'exploitation à une société d'économie mixte locale.

Je reconnais facilement la gare ainsi que les différents endroits que j’avais visités l’année dernière avec Solène et Jennifer. Je décide de retourner sur le même marché pour ramener de la charcuterie et du fromage. Je fini par un pique-nique au bord de la plage pour passer ma dernière après-midi.

Je prends la navette en direction de l’aéroport (ligne 8) qui est située au rond-point juste en face de la gare pour 4,5 €. Environ 20 minutes plus tard, je suis déjà arrivé. Descendre à l’avant dernière station (CAMPO DELL'ORO) permet de ne payer même pas la moitié du tarif. Ainsi, On se retrouve sur une longue plage située à 400 mètres de l’aéroport.

Retour à la réalité parisienne à Orly. J’ai presque autant d’attente pour récupérer mon petit sac (toujours bloqué par les bâtons) que de durée de vol.

Composition de mon sac :

3 t-shirts techniques.

1 t-shirts techniques manche longue.

1 pantalon – short.

1 polaire.

1 coupe-vent.

1 short - maillot de bain.

3 caleçons.

3 paires de chaussettes.

1 paire de chaussures de montagne (ne pas partir avec des chaussures neuves)

1 paire de tong.

1 paire de bâtons (indispensable et déjà utilisé lors du Kilimandjaro)

1 drap de soie (0,4 kg)

1 tube de lessive.

1 trousse de toilette (certains décident même de couper leur brosse à dents en deux)

1 torche électrique et 1 frontale.

1 couteau.

1 trousse de secours (désinfectant - pansements - médicaments - crème NOK …)

2 gourdes (capacité environ 1 litre chacune)

1 TopoGuides (il n’est pas indispensable d’acheter les cartes)

1 kilo de barres céréales et gâteaux secs.

1 bonnet et 1 paire de gants (à prendre pour la prochaine fois)

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
N
le bâton, scié en deux, est bien arrivé à Montreuil :)
Répondre
P
Bonjour Mathieu,<br /> <br /> J'ai pris un grand plaisir à lire tes deux carnets de voyage en Corse, ça m'a rappelé beaucoup d'excellents souvenirs...Je t'ai rencontré sur le gr20 en 2013 avec Heinrich, Pierre, Jacques et tous les autres...Tu as fait une petite erreur dans ton titre, tu écris &quot;GR20 Nord Août 2015&quot;. Comme tu l'as noté le temps passe vite mais tout de même ! ;-)<br /> Philippe (Le &quot;jeune&quot; retraité de la sncf)
Répondre
M
Salut - cool que tu ai apprécié - c est vrai que c etait une belle expérience - Exact pour le titre je vais rectifier ca - je me rappelle bien de toi Philippe - je te souhaite une bonne continuation